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Profile
First Name: Some Kind Of Time : Born in 1979 Location : Paris Feed Archives février 2005 mars 2005 mai 2005 août 2005 décembre 2005 avril 2006 mai 2006 juin 2006 juillet 2006 juin 2007 juillet 2007 août 2007 octobre 2007 novembre 2007 décembre 2007 janvier 2008 février 2008 mars 2008 avril 2008 mai 2008 octobre 2008 décembre 2008 février 2009 juillet 2009 août 2009 août 2011 août 2013 décembre 2013 Links Bat Lisbei Monsters under the bed Juliette Medellia |
mercredi 22 octobre 2008 Home is where the heart is. "Si on ne le jette pas nous-mêmes, le jour où tu videras la maison, tout ça finira dans une grande benne" m'assène ma mère, alors que nous sommes en train de trier des effets divers dans la cave de la maison familiale. A deux cents kilomètres de là, il y a ma maison à moi, 37 mètres carrés parisiens achetés à prix d'or il y a quelques mois. Onze ans que j'ai quitté Comines, onze ans d'études, de début de vie professionnelle, de déménagements. Onze ans que j'y retourne de temps à autre, le temps d'un week-end, le temps d'essuyer les larmes parentales qui viennent systématiquement arroser le retour trop bref du fils prodigue. Au fil des années, je me suis progressivement éloigné du peu qui me rattachait à cette région, à cette ville. Ma mère entretient bien ce lien ténu, me rapportant les dernières nouvelles du voisinage, mais je n'y prête qu'une attention distraite. Cependant, jusqu'à ce matin-là et ces archives à trier dans la cave humide, je n'avais jamais entrevu le jour où je fermerai une dernière fois la porte d'entrée, après avoir vidé la maison de sa substance. On pense avoir fait sa vie, on pense s'être établi, on pense être entouré. Mais le jour où j'arracherai les dernières racines de ce sol où je n'ai jamais aimé pousser, il faudra faire les comptes. Que restera-t-il, une fois quittée cette terre brulée? Faudra-t-il une fois encore retrouver un appartement vide, s'accrocher à quelques chansons écrites au fil des ans, et s'en draper pour faire face au vide? Ce dimanche soir-là, quand je rentre à Marx Dormoy, je me sens petit au fond de mes Doc Martens. Habituellement, je secoue la tête, range mes affaires, me replonge dans mes préoccupations. Cette fois, je suis un petit garçon, mes jouets m'ennuient, et les larmes qui roulent sur mes joues rosies viennent vider mon coeur et mon esprit, m'emportant vers un sommeil profond dont seuls les chagrins d'enfants ont le secret. |